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La repasseuse de Pablo Picasso

La Repasseuse de Pablo Picasso est une huile sur toile peinte en 1904.

Elle appartient à la première période marquante du peintre entre 1900 et 1904. Il s’agit de la période bleue. 

Le tableau est conservé au musée Guggenheim, à New York. Il fait partie de la collection Thannhauser.

Picasso représente une femme visiblement épuisée, étrangement courbée, toute vétue de bleu ciel. 

Cette oeuvre fait aujourd’hui l’objet d’une affaire juridique entre la prestigieuse institution et les héritiers du collectionneur juif allemand Karl Adler.

 

La repasseuse - Picasso - Guggenheim Museum
Pablo Picasso, Woman Ironing (La repasseuse), Paris, 1904. Solomon R. Guggenheim Museum, New York, Thannhauser Collection, Gift, Justin K. Thannhauser  78.2514.41. © 2012 Estate of Pablo Picasso/Artists Rights Society (ARS), New York

Pourquoi un procès ?

Le 20 janvier 2023, Thomas Bennigson, arrière-petit-fils de Karl Adler et Rosi Jacobi, a porté plainte devant la Cour suprême de Manhattan contre le Guggenheim Museum de New York.

Selon lui, la  toile de Pablo Picasso, intitulée La Repasseuse,  aurait été vendue sous la contrainte par Karl Adler et son épouse.

Thomas Bennigson, soutenu par les autres héritiers et des organisations caritatives juives, sollicite soit la restitution de l’oeuvre, soit 100 à 200 millions de dollars de dommages intérêts.

L'histoire

  • En 1916, Karl Adler achète le tableau auprès du galeriste munichois Heinrich Thannhause.
  • En 1938, Karl Adler et Rosi Jacobi son épouse fuient l’Allemagne en raison des persécutions.
  • Pour immigrer en Argentine et couvrir le coût des visas et la Reichsfluchtsteuer (taxe  de « fuite » instituée par les Nazis qui a empêché le départ de nombreuses familles juives), le couple vend l’œuvre de Picasso à Justin Thannhauser, fils de Heinrich Thannhauser, pour 1 552 dollars (soit 32 000 dollars actuels)

Les arguments des parties

  • D’après les plaignants, ce prix aurait été largement inférieur à sa valeur marchande.

 La plainte indique que « Thannhauser, principal marchand d’art de Picasso, devait savoir qu’il avait acheté ce tableau à un prix bradé « .

Il aurait ainsi profité de la situation géopolitique pour acheter à prix dérisoire des chefs-d’œuvre à des Juifs allemands qui fuyaient le pays.

  • De son côté, le Guggheneim Museum soutient que préalablement à l’acquisition définitive, les administrateurs du musées ont réalisé des recherches sur le passé de l’oeuvre.

Ils ont contacté  le fils de Karl Adler, Eric Adler, qui « n’a soulevé aucune inquiétude concernant le tableau ou sa vente », précise l’institution 

Citant ses propres recherches de provenance, le Guggenheim déclare dans un communiqué  avoir acquis l’oeuvre en toute bonne foi et que la plainte est « sans fondement ».

  • Rappelons que,  depuis 2016, une loi américaine, l’Holocaust Expropriated Art Recovery Act (HEAR Act), permet aux victimes de la Shoah et leurs héritiers de demander la restitution des œuvres d’art vendues illégalement ou extorquées pendant l’Allemagne nazie, et cela dans les six années suivant la prise de conscience qu’ils ont un droit sur l’œuvre. 


En effet, post-guerre de nombreuses familles victimes de la Shoah ont souhaité oublier ce chapitre douloureux de leur histoire et n’ont pas cherché à revendiquer les tableaux volés par les nazis ou vendus sous la contrainte.

Il appartient donc à la justice américaine de déterminer si les éléments réunis par les héritiers sont suffisants pour prouver que leurs aïeuls ont été contraints de vendre le tableau ou admettre que le tableau est à sa place dans le musée.

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