Peux tu nous présenter ton activité professionnelle en tant qu’historien consultant ?
Cette activité – qui ne coulait pas de source pour un mec de ma génération (quarantaine) et au vu de mes études – s’est imposée à moi. Mais il a fallu la construire sans réel modèle existant. Pour faire simple, depuis 2019 (date de création de mon entreprise « Arca communis »), je vends mes services à tous ceux qui désirent connaître, valoriser et promouvoir Patrimoine et Histoire.
J’interviens ainsi pour le compte de particuliers, de sociétés savantes, de bureaux d’investigations archéologiques, de programmes de recherches universitaires, pour des musées, mais aussi pour de grandes entreprises du secteur privé.
Je propose notamment la réalisation d’inventaires d’archives ou de biens mobiliers, la recherche en archives ainsi que la rédaction de synthèses historiques, la mise à jour de contenus pédagogiques et muséographiques, la création de dispositifs de médiation, la présentation de conférences et assure la direction d’édition d’une revue depuis 2011.
En un mot, je mets à profit mes expériences passées et notamment mes années d’enseignant-chercheur à l’université (Lyon, Bordeaux, Clermont-Fd).
Pourquoi le passé a-t-il autant d’importance pour comprendre le présent ?
La connaissance du passé est une donnée indispensable qui doit permettre aux sociétés d’éviter de répéter, encore et encore, les mêmes erreurs. Derrière les faits d’hier, il y a des pratiques qui s’inscrivent dans un long continuum et pourraient ressurgir à tout moment. En cela, l’histoire diffère de la mémoire. L’histoire, parce qu’elle est une discipline scientifique, fait appel à la recherche, au factuel, au tangible et au véridique. La mémoire, en revanche, c’est la perception que l’on a de l’histoire. Parce qu’elle convoque des émotions nourrissant des avis et opinions qui ne sont pas des arguments, la mémoire prend le risque de créer une distorsion entre le vécu et le perçu. En somme, la mémoire c’est le vivant de l’histoire, tandis que l’histoire c’est la caution de la mémoire. L’ambition première de l’historien doit donc être de fournir une narration claire et précise du passé afin de garantir aux générations actuelles et futures de suivre un chemin le plus avisé possible.
As-tu une anecdote croustillante d’historien à nous raconter ?
En mai 1884, SAR Albert Edward (1841-1910), prince de Galles, fils aîné de la reine Victoria et futur monarque du Royaume-Uni, des dominions et empereur des Indes (S.M. Édouard VII), vient en cure à Royat ( Puy de Dôme) et loge au Grand Hôtel (futur Majestic Palace).
Le séjour auvergnat de l’héritier présomptif de la couronne fait couler beaucoup d’encre, mais cause aussi quelques débats. Les journaux clermontois reprochent à un célèbre quotidien parisien (Le Figaro) de « célébrer les bons effets du traitement sur la santé du prince de Galles alors que l’Altesse Royale est venue simplement faire une excursion dans nos montagnes et a dégusté plutôt les vins du Grand-Hôtel qu’elle n’a bu d’eau de la source ». On se rappelle, effectivement, la personnalité particulière du prince de Galles, véritable dandy de la Belle Époque parisienne, qui passait plus de temps dans les maisons closes que dans les salons politiques et littéraires, ce qui lui valut les surnoms de « Dirty Bertie » ou « Tum-Tum ».
Voilà une attitude qui n’était pas pour plaire aux doctes dirigeants de la station thermale de Royat-les-Bains !